Patrice Marchand (ITAB) a participé à une publication sur le sujet VALÉRIANE et l'ACHILEE : M Stefanini, L Merrien, PA Marchand (2018) Valerian and Yarrow: Two medicinal Plants as Crop Protectant Against Late Frost. International Journal of Economic Plants 2018, 5(4):192-196 >> : http://pphouse.org/ijep-article-details.php?art=177
je vous mets une traduction brute (par deepL) ci-dessous,
vous trouverez la recette dans l'article original,
François
Voici la traduction brute :
Introduction
La valériane (Valeriana officinalis L.) et l'achillée (Achillea millefolium L.) sont deux plantes vigoureuses. La valériane est originaire d'Europe et de certaines parties d'Asie, tandis que l'achillée est originaire de plusieurs continents (Europe, Asie et Amérique du Nord). Ce sont deux plantes médicinales largement utilisées contre de nombreux troubles. Les parties souterraines valérianes (racines et rhizomes) sont connues pour guérir l'insomnie, être sédatives et calmer les douleurs gastro-intestinales, les migraines ou les maux de tête. L'achillée aérienne partisane est principalement utilisée pour ses propriétés antispasmodiques, digestives et cicatrisantes. Les parties souterraines de valériane et les parties aériennes d'achillée font partie de la pharmacopée européenne pour leurs bienfaits pour la santé. Cependant, ces deux extraits, lorsqu'ils sont mélangés ensemble, s'avèrent utiles pour la protection des plantes, en particulier pour la protection de la vigne, mais aussi pour certains arbres fruitiers et légumes. Ce mélange combiné est déjà utilisé par les agriculteurs biologiques, notamment par les vignerons biodynamiques (Masson, 2012) en traitement préventif contre les dommages causés par le gel tardif. Les rendements des cultures sont particulièrement menacés pendant les périodes critiques du bourgeonnement, de la floraison et de la fructification. Ces utilisations sont importantes car la vigne (Vitis vinifera L.) est l'une des espèces fruitières les plus importantes économiquement dans le monde. L'Institut Technique Français de l'Agriculture Biologique (ITAB) travaille actuellement à l'approbation des extraits de valériane et d'achillée par l'Union Européenne afin de légaliser leur utilisation en agriculture en Europe comme substance de base. Ce mélange pourrait également être utilisé par les agriculteurs du monde entier en fonction de la réglementation nationale sur les produits phytopharmaceutiques (PPP).
Matériels et méthodes
La littérature disponible sur l'application de la valériane et de l'achillée dans la protection des plantes et leurs effets toxicologiques et écotoxicologiques a été examinée. Les études agronomiques sur le terrain de l'infusion d'achillée montrent une légère inhibition de la germination des spores des champignons alors que la préparation de valériane est plus connue pour être impliquée dans la gestion à basse température. La plupart des composants végétaux connus de la valériane et de l'achillée ont été confrontés pour la recherche de leur toxicité et de leur écotoxicité à la littérature correspondante (c'est-à-dire contre les organismes aquatiques, micro-, non ciblés et macro-organismes).
2.1. Application sur le terrain
Les données collectées sont basées sur les témoignages de biodynamiciens et les rapports d'expérience. Extraits d'eau chaude pour la valériane officinale et pour l'achillée ; les deux extraits ont été définis par Rudolf Steiner comme des préparations biodynamiques respectivement numérotées P507 et P508, pour compost. Cependant, ces deux plantes ont trouvé de nombreuses autres utilisations en agriculture (Stefanini, 2017).
L'extrait d'achillée est également utilisé pour lutter contre le gel et la grêle dans les vignobles. L'infusion d'achillée est donc connue pour son aide en cas de basse température, mais elle est également destinée à être utilisée en traitement préventif contre les champignons suivants.
L'utilité de la préparation valériane contre le stress après le gel, la grêle et les changements soudains de température est connue par certains agriculteurs biologiques, en particulier les biodynamiciens. Il est décrit dans un livre écrit par Pierre Masson en 2012 (Masson, 2012) et il est conseillé par de nombreuses associations biologiques. Il peut être utilisé comme traitement préventif contre le gel et comme traitement curatif après la grêle et les brusques changements de température.
2.2. Évaluation toxicologique
De nombreuses études sur la toxicité de la racine de valériane sont disponibles car elle est largement utilisée et vendue pour ses propriétés médicinales. Les études sur les parties aériennes sont rares. Par conséquent, des enquêtes sur la toxicité des principaux composés actifs ont été collectées. Certaines molécules majeures sont spécifiques de la valériane comme l'acide isovalérique, l'acide valérique et l'acide acétoxy-valérénique (Agrobio47, 2012 ; Brunke, 1993) et d'autres composants sont également présents dans de nombreuses plantes comme le camphène, l'acétate de bornyle, l'acide chlorogénique et l'apigénine (Li, 2014).
De nombreuses études sur l'extrait aérien d'achillée étaient disponibles car il est principalement utilisé en médecine. Des études sur les principaux composés actifs (acide clorogénique, apigénine, eucalyptol, camphre) (Bertoli, 2012) ont également été recueillies.
2.3. Évaluation écotoxicologique
Les données recueillies concernent les effets écotoxicologiques de la valériane et de l'achillée, mais aussi leurs principaux composants actifs. Les principaux composants de la valériane et de l'extrait d'achillée sont naturellement présents dans l'environnement déjà décrit (US National Library of Medicine, à partir de 2018). Des données écotoxicologiques ont également été trouvées dans l'évaluation pharmacologique de ces plantes pour leurs propriétés médicinales (EMA, 2010).
Résultats et discussion
3.1. Application en protection des cultures
L'extrait de partie aérienne de valériane est préparé en infusion à 80°C ou en extrait à froid avec ou sans macération. Les feuilles et les fleurs peuvent être utilisées en infusion, et les fleurs peuvent être utilisées comme jus ou préparation macérée (Agrobio47, 2012 ; Maille, 2012 ; Masson, 2012). L'extrait d'achillée est préparé avec des fleurs en infusion à 80°C (Masson, 2012).
Le mélange des deux extraits est utilisé comme éliciteur. En effet, il est reconnu par les biodynamiciens pour ses propriétés cicatrisantes et réparatrices grâce à de nombreuses molécules actives telles que l'acide isovalérique et l'acide valérique en valériane connues pour leurs propriétés chauffantes. Les effets de la valériane contre le gel, la grêle et les changements soudains de température sont efficaces sur plusieurs cultures. Traduction p. 94 "En saison, si de très grandes amplitudes thermiques sont observées entre le jour et la nuit, la préparation de valériane pulvérisée seule (de préférence le matin) règle et atténue le stress associé à ces différences de température" (Masson, 2012). L'extrait de valériane peut être utilisé sans achillée bien qu'il soit moins efficace : il ne protège les plantes que jusqu'à -3 °C (26 °F) (Agrobio47, 2012).
La valériane est également efficace comme traitement curatif contre les dommages causés par la grêle. Cette action a été observée sur vigne (Baudoin, 2015 ; Masson, 2016). En effet, il a été observé que les baies en période de maturation des fruits peuvent cicatriser après la grêle grâce aux propriétés régénératrices de l'extrait (Masson, 2012). Une application d'extrait d'achillée juste après l'extrait de valériane renforce l'action curative (Masson, 2016).
Infusion d'achillée destinée à être utilisée en traitement préventif contre les champignons suivants : Alternaria solani, l'agent causal du mildiou de la tomate ; Cladosporium fulvum, l'agent causal de la moisissure des feuilles de tomate ; Didymella bryoniae, l'agent causal du mildiou de la gomme dans le melon ; Excerohilumturcicum, l'agent causal de la brûlure des feuilles dans le maïs ; Plasmopara viticola, le mildiou du vin ; Pseudomonas marginalis, l'agent causal de la brûlure des feuilles du concombre ; Septoria lycopersici, l'agent causal de la brûlure septorienne sur tomate.
3.2. Évaluation toxicologique
Selon l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA, 2018), l'acide isovalérique et valérique contenu dans la valériane peut être corrosif et irritant pour la peau lorsqu'il est très concentré (Bingham, 2001 ; Clayton, 1994). L'acide acétoxyvalérénique a une faible toxicité (Bos, 1998). L'acide chlorogénique, l'apigénine, l'acétate de bornyle et le camphène n'ont aucun effet toxique. Ces deux derniers sont classés comme aromatisants et additifs alimentaires par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'acide chlorogénique et l'apigénine sont tous deux absorbés par les aliments et sont connus pour leurs effets anticancéreux et neuroprotecteurs (Li, 2008 ; Liu, 2005).
L'achillée est considérée comme une "denrée alimentaire" au sens du règlement CE 178/2002 (CE, 2002) et elle est utilisée comme tisane contre divers troubles. Selon l'Agence européenne des médicaments, le millefeuille ne présente aucun cas d'intoxication aiguë ni d'effet secondaire significatif à court ou à long terme. L'acide chlorogénique et l'apigénine appartiennent également à l'infusion d'achillée (Bertoli, 2012). Toutes les principales substances actives sont généralement présentes dans les aliments (Autorité européenne de sécurité des aliments, 2012). Par conséquent, les composants actifs des extraits de valériane et d'achillée ne sont pas préoccupants et présentent des propriétés médicinales traditionnelles.
3.3. Évaluation écotoxicologique
La Valeriana officinalis est appréciée des abeilles car c'est une plante mellifère (Perisic, 2004) et le champ de Valeriana officinalis est connu pour attirer les vers de terre (Kostecka, 2015). La valériane est également utilisée comme anthelminthique naturelle pour les ruminants (Duval, 1994). Tous les principaux composés sont facilement biodégradables selon le dossier d'enregistrement de l'ECHA (Lyman, 1990, ECHA, 2018) et certains des composants actifs sont également peu toxiques pour les organismes aquatiques selon l'ECHA et le US National Institute of Health and Human Services (Franke, 1994).
Les principaux composés actifs d'Achillea millefolium présents naturellement dans l'environnement sont donc facilement biodégradables selon les informations en ligne de la National Library of Medicine des États-Unis (NIH, 2018). L'achillée est utilisée en médecine vétérinaire, en particulier pour les ruminants et les volailles, pour les mêmes maladies que l'homme (troubles gastriques, cicatrisation) (Yakhekeshi, 2012 ; Hemmati, 2002) mais aussi contre certains virus (Rezatofighi, 2014). Les plantes d'Achillea millefolium sont également utilisées pour nourrir les abeilles en hiver (Marghitas, 2011) et pour lutter contre l'acarien parasite Varroa (Parchin, 2012) et les extraits n'ont aucun effet herbicide (Cruz, 2000) donc aucun effet potentiel phytotoxique. Seul l'eucalyptol est toxique pour les abeilles à forte concentration (Imdorf, 1995). Comme l'extrait de valériane, l'extrait d'achillée pourrait être toxique pour certains organismes aquatiques lorsqu'il est très concentré (Bahabadi, 2014 ; McBrayer, 2015).
3.4. Utilisations agronomiques
La préparation peut être utilisée tous les deux jours après les épisodes de grêle ou en traitement préventif contre le gel jusqu'à ce que les conditions de stress persistent, notamment sur les vignes et les arbres fruitiers fortement menacés par le gel, mais aussi sur les légumes du marché. Le mode d'application de l'extrait de valériane et d'achillée est la pulvérisation sur les parties aériennes. Il est appliqué comme un produit de contact qui crée une gaine protectrice chauffante tout autour des plantes et les aide à se cicatriser. Différentes recettes originales d'extrait de valériane et d'achillée sont décrites ci-dessous (Tableau 1). Bien que toutes les extractions se font dans l'eau et la plupart avec des plantes sèches, certaines se font avec des plantes fraîches mais les concentrations finales sont assez similaires.
Tableau 1 : Recette pour extrait de valériane et d'achillée
Sur vigne (Vitis vinifera), l'extrait de valériane est appliqué depuis le stade du bourgeonnement jusqu'à 6 feuilles (stade BBCH 07 à 16). La dose d'application est de 50 à 125 g hl-1 (50 g hl-1 pour l'extrait de fleurs et 125 g hl-1 pour l'extrait de feuilles) avec 100 à 300 l ha-1 d'eau. La substance est donc appliquée de 50 à 375 g ha-1. La dose d'application de l'extrait d'achillée est de 2,5 kg hl-1 avec de l'eau de 100 à 300 l ha-1. La substance est donc appliquée de 2,5 à 7,5 kg ha-1.
Sur les arbres fruitiers par exemple les pommiers (Malus domestica), l'extrait de valériane est appliqué dès le stade de croissance lorsque la majorité des pétales sont tombés (BBCH55 à BBCH67). La dose d'application est de 50 à 125 g hl-1 (50 g hl-1 pour l'extrait de fleurs et 125 g hl-1 pour l'extrait de feuilles) avec 500 à 1500 l ha-1 d'eau. Par conséquent, la substance est appliquée de 250 g ha-1 à 1,9 kg ha-1. Le taux d'application du millefeuille est de 2,5 kg hl-1 avec de l'eau de 200 à 400 l ha-1. Par conséquent, la substance est appliquée de 5 à 10 kg ha-1. Les utilisations agronomiques correspondant aux usages phytosanitaires sont détaillées dans le tableau suivant des Bonnes Pratiques Agricoles (BPA) pour la lutte contre le gel (tableau 2).
Tableau 2 : mode d'application pour l'extrait de valériane et d'achillée contre le gel
Enfin, l'extrait de valériane et d'achillée peut également être utilisé sur les légumes sensibles comme les haricots (Phaseolus vulgaris), le basilic (Ocimumbasilicum), les tomates (Solanum lycopersicum) et les pommes de terre (Solanum tuberosum) au printemps. Les quantités appliquées sont les mêmes que pour les arbres fruitiers.
Le mélange est efficace lorsqu'il est mélangé dans les proportions 1:1. L'extrait d'achillée est également efficace pour lutter contre les insectes ravageurs (Jovanovic, 2007 ; Hasheminia, 2011) et certains champignons (Masson, 2012) comme le mildiou sur vigne.
Les extraits de valériane et d'achillée ont été considérés comme des substances de base éligibles car ils répondent aux critères de l'article 23 du règlement (CE) n° 1107/2009. L'extrait d'achillée a donc été soumis en tant que demande de substance de base (BSA), et déclaré admissible en 2016 (Marchand, 2015). L'approbation est en attente de vote au comité PAFF conformément à la procédure de vote officiel de l'UE. De même, la BSA correspondante (Marchand, 2016, 2017a) pour l'extrait de valériane a été constituée et est actuellement en cours de soumission. Par la suite, l'utilisation en agriculture biologique dans l'UE devrait être simple dans l'UE conformément à la réglementation sur la production biologique (UE, 2016 ; Marchand, 2017b, 2018).
Conclusion
Afin de protéger les cultures et de limiter les pertes de rendement en cas de gel tardif et après la grêle, des approches efficaces et respectueuses de l'environnement doivent être trouvées. Un mélange d'extraits de valériane et d'achillée peut être utilisé comme anti-stress et éliciteur en cas de gel tardif et la combinaison est plus efficace que le traitement individuel. L'utilisation de ces extraits de plantes dans la protection des cultures est à la fois respectueuse de l'environnement et sans danger pour l'homme. On tente actuellement de les reconnaître comme moyens de protection des végétaux.
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